M’écrire

M’écrire ou me dire.

Me faire exister.

Me libérer.

M’accoucher.

C’est quand je m’écris que j’écris le plus justement. C’est ici que l’émotion apparaît, se fraye un chemin entre les mots.

C’est en m’écrivant que je me (re)construis, réassemble les différents morceaux de Moi en une expression cohérente, chronologique, chrono-typique.

C’est quand je m’écris que je surprends l’autre, le moi alter, l’alter moi qui n’est ni l’ego ni le masque, seulement cet alter que je côtoie sans le savoir. Ce que “moi” écrit, “moi” construit et parle du “moi-je”.

Le “moi-je” et l’alter moi. Ce que je suis quand je m’écris et ce que je vis quand je m’écris. Vivre et être, deux réalités fondamentales.

nāsti jñānāt-paro bandhur nāhaṃkārāt-paro ripuḥ

M’écrire, c’est me donner vie. Accoucher de moi-même en me couchant sur les lignes.

M’écrire, c’est me permettre l’existence. Tirer profit de la plume, du papier et de l’encre pour faire exister (peut-être) la meilleure version de moi-même. Celle qui sait quand le désespoir est proche.

Se parler à soi-même.

Se reformuler.

Initier le terrain de l’intime par la mise en mots spontanée.

M’écrire en tant que femme.

Vaste sujet.

Vibration.

Puissance.

Libre - jusqu’à quel point ? Est-ce là un endroit vertigineux ? Ou suis-je en train de me perdre dans l’illusion de ma propre liberté ?

Poser la question par écrit donne corps aux enjeux. J’écris pour donner corps aux en-je (ou serait-ce uniquement pour éloigner le mauvais œil ?)

Je m’interroge sur le processus alors que tout n’est que manipulation du langage.

Aller au bout du projet : l’écriture déconditionnée. Écriture sans forme poétique, sans dessein didactique.

Juste l’écriture.

Ou l’écriture juste.

Pour le moment, écrire pour m’incarner. Car je ne sais me donner chair autrement. Le corps est un langage à part entière. Matérialité autre. Absolue. Intemporelle (à condition que ton encre ne s’efface pas).

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