Les Combrailles, en Auvergne. Pratique matinale.
***
Pratique sur le sol en pente : le challenge de l’équilibre, de l’ancrage, de la stabilité.
Le vent des montagnes traverse la vallée. Caresse mes joues, mes cheveux, mes mains.
Le son des cloches, le murmure de la prairie, le bruit des arbres qui doucement s’éveillent en même temps que le ciel s’éclaircit.
Il y a quelque chose de tendre et de brutal dans cette pratique en prise avec les éléments. Si mon corps m’appartient, la nature, elle, reste indomptable.
Si je suis soumise à son caprice, j’en accepte tout ce qui en découle : l’humidité traversant le tapis, l’accueil anguleux du sol, la chaleur déjà brulante du soleil sur ma peau nue. J’accepte cet environnement avec lequel il me faut composer, et bientôt se révèle à moi une autre manière de pratiquer ; bientôt se dessine un yoga intuitif fait de mouvements plutôt que de postures, un yoga de l’ajustement, du micro-mouvement et de relâchements inattendus.
Je parviens enfin à laisser le corps respirer dans une détente bienvenue durant laquelle mon regard ne peut se résoudre à se détacher du ciel. Je contemple les couches de nuages qui lentement s’estompent, offrant à ma vue l’immensité du cyan et la profondeur des cimes inatteignables.
Ma respiration s’allonge, s’étire vers des minutes interminables, le secret du ciel s’inscrit en moi.
Tout est bleu à l’intérieur, les pensées se dissipent, comme les nuages que je ne distingue plus à présent. La vie suit son cours : j’en fais pleinement partie.
