Vous savez que ces temps-ci, j’ai du mal à me lever tôt. Je songe très sérieusement à reprendre une routine matinale mais les efforts à fournir pour accomplir cet exploit sont actuellement trop intenses au regard de mon rythme de vie (Ô Flemme, quand tu nous tiens).
Sans compter que depuis quelques jours, je passe des nuits particulièrement désagréables : merci les moustiques qui ont fini par pointer le bout de leurs ailes, Toutou qui aboie sur la terrasse dès qu’il entend une mouche voler et surtout - SURTOUT - merci les règles de me réveiller toutes les deux heures pour me faire aller aux toilettes (#joiedêtreunefemme). La nuit dernière n’a donc pas fait exception à la règle ; je dois même avouer qu’elle fut pire que les précédentes (en mode promenade nocturne de la chambre aux WC, des WC à la cuisine, de la cuisine à la terrasse, de la terrasse à la salle de bain,... bref, vous avez compris).
Lorsque j’ai vu 10h s’afficher sur mon téléphone portable ce matin, je vous laisse imaginer mon désarroi - moi qui m’étais jurée de me lever aux alentours de 9h pour avoir le temps de rejoindre tranquillement mon cours d’Iyengar à 10h30 dans le 10e. Depuis le temps, j’aurais dû finir par comprendre que je ne suis naturellement pas de ces personnes qui arrivent à se lever suffisamment tôt pour pouvoir boire leur café en lisant le journal, sortir le chien, écrire trois pages sur leur journal intime, faire leurs ablutions, préparer le petit dèj pour toute la maisonnée, plier le linge puis, enfin, vaquer tranquillement à leurs loisirs.
Non non, je ne suis définitivement pas de ces gens admirables (mais un jour, qui sait ??).
Non, non… Ce matin, j’ai eu 10 minutes montre en main pour me lever, passer aux toilettes, me débarbouiller vaguement, m’habiller, attraper ma gourde, enfiler mes chaussures et partir de la maison.
Alors, me demandez-vous : est-ce que cela en valait la peine ?
La réponse est évidente : pour du yoga, cela en vaut toujours la peine. Cela dépasse largement le fait qu’en tant que jeune prof, je me dois de maintenir un rythme de pratique régulier - ce que je considère comme une sorte de “formation continuelle”. Cela dépasse largement le fait que ces dernières années, mon espace de pratique perso s’est réduit au strict minimum, chose tout bonnement intolérable (le COVID et plusieurs déménagements sont passés par-là). Cela dépasse le fait que, par principe, je ne laisserai JAMAIS une mauvaise nuit de sommeil ou ma période de menstruations m’empêcher de pratiquer.
La vérité, chers·ères ami·e·s, c’est que c’était le dernier cours de l’année avec ma prof d’Iyengar. Et je m’en serais voulue de ne pas avoir eu le courage d’y assister. Parce qu’au-delà du fait que j’adore ma prof, j’ai une marge de progression énorme avec l’Iyengar (pour celles et ceux qui ne me connaissent pas encore, je vous invite à cliquer ici pour découvrir mon histoire avec le Yoga Iyengar) et que chaque séance est, par conséquent, extrêmement précieuse.
Bon… Autant vous dire que ce matin, ce n’était pas la grande forme et j’ai vraiment fait de la m**** été médiocre. Même les postures basiques comme Adho Mukha Śvānāsana mains sur le mur, Trikonāsana ou Parśvottānāsana ont été douloureuses. Je n’arrivais à rien : ça bloquait dans les bras, ça bloquait dans le dos, ça bloquait dans le bassin, ça bloquait dans la nuque. Pratiquer quand le corps dit non peut s’apparenter à une séance de torture et, dans ce genre de moments, il est indispensable de se rappeler Aparigraha, le détachement. Ne pas pratiquer avec une volonté précise, mais pratiquer simplement pour pratiquer, peu importe les résultats.
Je n’ai pas cherché à forcer : je sais que mon corps sait. Il sait ce qu’il faut faire quand il est limité, fatigué ou fragile. Il sait mieux que je ne sais. Alors je le laisse faire ; je laisse la posture évoluer à travers lui. Si je peux aller plus loin, tant mieux, sinon, tant pis. Ne jamais être dans la violence, accepter que cette séance matinale fut difficile et douloureuse mais que tout à l’heure, ce soir, demain, la pratique aurait été différente. S’il y a bien une chose que le yoga m’a appris, c’est qu’il n’y a jamais deux moments identiques.
Ce qui est merveilleux pour un corps comme le mien, habitué à pratiquer quel que soit le contexte - notamment en cas de maladie ou d’épuisement intense -, c’est que même dans la souffrance, j’arrive à ressentir, ou du moins à conscientiser le bienfait. Il y a une forme de soulagement dans cet étirement qui fait crier mon dos, et si la douleur est tangible, je sais que dans quelques minutes, voire dans quelques heures, je sentirai l’espace créé dans cet endroit. Je le sais parce que j’ai pratiqué cet étirement des milliers de fois auparavant, aussi mon corps a-t-il gardé la mémoire de ses effets. C’est pourquoi ce matin, tandis que je faisais la grimace dans Utthita Hasta Padangusthāsana, la posture de la main au gros orteil, mon corps savait avant moi les bienfaits qu’elle allait procurer. Je crois profondément en l’intelligence du corps et ce matin, j’ai été bluffée, une fois de plus : à la fin de la séance, pendant śavāsana, j’ai ressenti une détente immense dans le bassin.
Tout cela est vraiment extra… Cependant, il y a un petit souci que je n’ai toujours pas réglé : me voilà orpheline de prof d’Iyengar jusqu’à la fin de l’été ! Je songe donc à continuer la pratique auprès d’un autre prof jusqu’à mon départ en vacances, en août. S’adapter au changement, ça me connait !
En attendant, je vais réfléchir à une manière de transformer mes matinées catastrophiques en Miracle morning. Si vous avez des tips à ce sujet, écrivez-moi ;).
Hoa Sen